La Banque centrale européenne estime être arrivée au bout de la phase technique de son projet d’euro numérique. Lors d’une récente conférence de presse, sa présidente Christine Lagarde a annoncé que cette monnaie numérique de banque centrale est désormais prête sur le plan opérationnel.
Les infrastructures seraient finalisées, les dispositifs de sécurité définis et les scénarios d’usage étudiés. Reste toutefois une étape décisive avant tout lancement : l’aval politique des institutions européennes.
Christine Lagarde a tenu à rappeler que la BCE a rempli son rôle, mais que la suite dépend désormais du Conseil européen et du Parlement européen. Elle a insisté sur le fait que la décision finale n’appartient plus aux techniciens, mais bien aux responsables politiques chargés de transformer la proposition de la Commission en cadre législatif.
“Part du travail”
« Nous avons fait notre part du travail mais c’est maintenant au Conseil européen et certainement plus tard au Parlement européen d’identifier si la proposition de la Commission est satisfaisante, comment elle peut être transformée en une législation ou amendée », a-t-elle déclaré.
Selon la BCE, l’euro numérique a été pensé comme une monnaie publique, accessible au plus grand nombre et dotée d’un statut de cours légal. L’institution met en avant plusieurs objectifs : moderniser les paiements, renforcer la souveraineté monétaire européenne, garantir un haut niveau de confidentialité et favoriser l’inclusion financière. Cette monnaie numérique viendrait compléter les espèces et les moyens de paiement existants, sans nécessairement les remplacer.
Le calendrier européen s’inscrit aussi dans un contexte international plus tendu. Aux États-Unis, l’évolution rapide des projets de stablecoins privés et une approche plus souple de la régulation crypto ont ravivé les inquiétudes à Francfort. Dès janvier, Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, soulignait la nécessité de l’euro numérique face à une stratégie américaine visant à renforcer le dollar via les stablecoins. Il notait alors que les décideurs politiques « deviennent plus sensibles » à ces enjeux d’autonomie monétaire.
Si l’euro numérique se rapproche concrètement de son lancement, son avenir dépend donc désormais d’un feu vert politique. Présenté comme un outil stratégique pour l’Europe face à la finance numérique mondiale, il suscite néanmoins des débats et des réticences, notamment autour des questions de contrôle, de liberté individuelle et de rôle de l’État dans les paiements.
