Tether offre 1 milliard d’euros pour la Juventus, qui refuse

Vendredi dernier, une onde de choc a traversé, presque en silence, les cercles de la haute finance turinoise. Une offre de rachat ferme, entièrement en liquidités, d’un montant de 1,1 milliard d’euros a été transmise à John Elkann, à la tête d’Exor, pour acquérir l’un des symboles les plus emblématiques de la famille Agnelli : la Juventus.

À la surprise générale, l’acheteur potentiel n’est ni un fonds souverain du Moyen-Orient ni un consortium américain. Il s’agit de Tether, une entreprise technologique sans siège officiel, dirigée par l’Italien Paolo Ardoino, fervent supporter de la Vieille Dame, et dont l’activité repose avant tout sur un code informatique. Exor a rapidement balayé la proposition en affirmant que « la Juventus n’est pas à vendre », mais le contenu de l’offre révèle un basculement économique majeur.

Prime de 21%

Tether proposait de racheter les 65,4 % détenus par Exor à 2,66 euros par action, soit une prime de 21 % sur le cours de clôture. Surtout, l’entreprise s’engageait à injecter un milliard d’euros supplémentaire pour assainir les finances du club et soutenir sa relance. Une capacité financière qui interroge, alors même que des groupes industriels historiques peinent à lever de tels montants.

La Juventus apparaît aujourd’hui comme un « géant endormi », avec près d’un milliard d’euros de pertes cumulées sur huit ans. À l’opposé, Tether s’est transformé en machine à cash. Selon son rapport d’attestation du troisième trimestre 2025, l’entreprise affiche plus de 10 milliards de dollars de bénéfice net sur neuf mois et détient environ 135 milliards de dollars de dette américaine, davantage que certains États.

Cette tentative de rachat illustre une stratégie claire : transformer une richesse issue du numérique en actifs tangibles, qu’il s’agisse de sport, d’intelligence artificielle ou de matières premières. Le moteur de cette puissance financière repose sur un mécanisme simple, le « float » : les fonds déposés par les utilisateurs sont placés en bons du Trésor américain, générant des rendements conservés intégralement par Tether.

L’épisode Juventus-Tether agit ainsi comme un révélateur. Il montre que les stablecoins ne sont plus une simple curiosité spéculative, mais une infrastructure financière colossale, capable de rivaliser avec les acteurs traditionnels et d’influencer l’économie réelle.

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